Drelathiel

La guerre fait plein d'orphelins, alors on pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres, mais les autres c'est moi.
Je n'ai jamais connu mes parents mais juste Dame Keliane, elle recueillait tous les enfants qui comme moi n'avaient nul part où aller. On ne peut pas dire que j'étais malheureux, biensûr pas riche mais plein de frères et soeurs au final. Les plus vieux travaillaient dans les champs ou autres pour avoir un peu d'argent, nous les plus jeunes on aidait à entretenir la maison de dame Keliane. Puis je fus un plus vieux. J'ai travaillé à plusieurs endroits , des champs à la forêt, du forgeron au boulanger, j'allais partout où il y avait besoin de bras, j'étais jeune certes mais courageux et je n'avais pas peur.
Mais c'est comme tout, les choses changent et la guerre fait des ravages. La ville fut attaquée, je ne saurais dire quel peuple ce fut cette fois, mais la maison de Dame Keliane fut brulée, avec tous les orphelins qui se trouvaient dans la maison. Comme beaucoup des grands nous n'étions pas au village, ceux qui étaient dans les champs avaient pu fuir, moi dans la fôret avec d'autres, je regardais le spectacle de la ville en feu, terrifié. Les malheureux qui travaillaient en ville eurent le même sort que Dame Keliane et les enfants.
La vie fut moins drôle ensuite, personne avec la même gentillesse que Dame Keliane pour nous accueillir à nouveau. Tous les survivants s'étaient réunis. Nous avions entre huit et seize ans, j'en avais neuf. J'ai passé les six pires années de ma vie. On volait pour survivre, mais les hivers sans toit pour nous protéger et les maladies firent tomber mes amis les uns après les autres. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi moi je ne mourrais pas. Pour finir mon dernier compagnon, Efficiar, rendit l'âme lui aussi pour que finalement je me retrouve seul. Les enfants qui étaient abandonnés de toutes façons ne passaient jamais l'hiver sans Dame Keliane pour les accueillir.
J'avais encore réussi à passer l'hiver, les jours s'allongaient, les gens sortaient et je me remettais pleinement à mon activité quotidienne qui était la fouille des bourses. C'était plus très évident comme les enfants abandonnés n'étaient pas nombreux, on se faisait vite repérer dans la rue ou sur les marchés, ça rendait donc les gens méfiant quand ils nous voyaient. L'approche, tout est dans l'approche. Voilà un exemple, là-bas ce chevalier que je n'avais jamais vu à la capitale. Il ferait un parfait pigeon. J'entrepris de faire le tour du bâtiment pour limiter l'espace de chemin à découvert que j'aurais à parcourir, ensuite je l'observais. Voilà, parfait, il se mettait à discuter avec une personne en robe, un magicien, enfin un truc comme ça, je sortais de ma cachette tout en cachant ma lame dans ma main et tout en frôlant le chevalier je sectionnais délicatement sa bourse et hop le tour est...
Une main puissante s'était posée sur mon épaule et me retournant je vis le chevalier face à moi me regardant droit dans les yeux

Il me semble que ça ne t'appartient pas ! fixant maintenant ma main la où j'essayais de dissimuler sa bourse, alors que sa dague venait se figer sous mon menton.

Et voilà je croyais que c'en était fini pour moi, je pensais mourir pendant l'hiver prochain ben finalement, ça sera à la prison après passage à la roue ou la pendaison, je ne m'étais pas tenu au courant sur le mode du moment. Je n'essayais même pas de résister fuir, j'avais bien compris que le pigeon en question était bien plus doué que prévu et que sa prise sur mon épaule n'allait pas s'envoler comme ça.

Alors tu as perdu ta langue ? Tu sais que le vol est interdit et puni de mort ? dit-il avec un sourire mesquin en serrant encore plus sa prise sur mon épaule.

Je baissais la tête résigné. Il m'empoigna par l'épaule et m'emmena dans les rues de la ville. Mais à ma grande surprise on ne s'approchait pas de la prison et ce chevalier que je n'avais jamais vu semblait bien connaitre cette ville. Nous nous arretâmes devant une grande bâtisse, il frappa à la porte, un garde ouvrit et le chevalier dit simplement :

Ce garçon à quelque chose à se faire pardonner faites lui nettoyer les écuries, je repasserais ce soir. Et faites attention à vos bourses...

Le garde m'empoigna. Bien sire Lundar.

Je passais ma journée à nettoyer l'écurie et la bâtisse mais j'eu le droit à un bon repas. Le soir le chevalier revenait.

Alors, tu as bien travaillé ?

Trouvant le courage de le regarder dans les yeux.
Monsieur, pourriez vous me prendre à votre service ? Je ferais ce que vous voulez, mais j'aimerais devenir quelqu'un et ne pas mourir au prochain hiver.